Coupe du Monde de Rugby 2025, vers une nouvelle pierre blanche du sport féminin ?

Symbole d’un engouement croissant, plus de 55 000 billets rendus disponibles pour les matches d’ouverture et les finales ont déjà trouvé preneur lors d’une prévente qualifiée de « sans précédent » par World Rugby. A plus de 18 mois de l’événement, c’est le record d’affluence réalisé lors de l’édition précédente, en Nouvelle-Zélande, qui est en ligne de mire, alors que le mythique stade de Twickenham (80 000 places) sera l’arène de la finale. Moteur de cet enthousiasme record, World Rugby actionne depuis plusieurs années les leviers du développement de la pratique féminine, un essor qu’il est opportun de décrire.

Nouvelle-Zélande 2022, l’effet Black Ferns

Officiellement organisée par World Rugby depuis 1998, la Coupe du Monde féminine bénéficie depuis lors d’un engouement populaire croissant, avec des fréquentations en nette hausse de 2002 à 2022. L’édition française de 2014 avait alors enregistré le record d’affluence pour la finale entre l’Angleterre et Canada, avec près de 20 000 spectateurs à Jean Bouin. Si l’édition irlandaise suivante a marqué le pas (17 715), c’est l’accueil en Nouvelle-Zélande en 2022 qui va construire un nouveau standard pour la compétition.

Côté diffusion, avec une volonté revendiquée par World Rugby de privilégier les chaînes « Free-To-Air », et un investissement volontaire en termes de production (voir graphique ci-dessous) les audiences s’envolent, et depuis la Coupe du Monde 2021 (jouée en 2022), les audiences progressent de manière constante, avec par exemple 16,5 millions de téléspectateurs cumulés en France pour les matches du Tournoi des 6 Nations féminin en 2023. En Angleterre, ce sont 1,9 millions de fans qui ont pulvérisé le record de l’événement sportif féminin le plus regardé lors du dernier match du Tournoi 2024, contre la France.

La structuration et la pérennisation du rugby au féminin, enjeu global

La croissance dans les stades et devant les écrans (en plus des engagements numériques autour de TikTok, par ailleurs namer du tournoi, et Instagram) constitue pour World Rugby un socle sur lequel capitaliser, en lançant les intiatives « Impact Beyond 2025 » et « Women In Rugby » pour démocratiser, mondialiser et professionnaliser la pratique par les filles et les femmes du monde entier.

La stratégie repose sur les piliers que sont les Sevens et les Coupe du Monde, mais aussi en soutenant la promotion de nouvelles ligues domestiques professionnelles, comme l’initiative de la Super League en Afrique du Sud, qui sera lancée juste après la Coupe du Monde britannique. En 2025 toujours, ce sont les Etats-Unis qui inaugureront leur ligue professionnelle féminine, avec 6 franchises engagées et l’espoir d’un développement rapide, alors que le pays organisera la Coupe du Monde 2033. De fait, portée par son équipe de Sevens, médaillée de bronze à Paris et soutenue par Michele Kang, la fédération américaine entend surfer sur le momentum du sport professionnel féminin et développer une offre qualitative et compétitive face aux nations historiques. On compte aujourd’hui près de 2 millions de joueuses sur la planète, une augmentation de 7% par rapport à 2022, et le nombre de licenciées a grimpé de 33,9% (319 966).