Engagé pour la 8ème saison consécutive en Saforelle Power 6, le Volley-Ball Club Chamalières est un club bien établi sur la carte du volley français. Sous la présidence de Claude Michy, le VBCC a engagé depuis 2023 d’importantes évolutions, destinées à pérenniser son modèle économique tourné vers la formation et l’ancrage régional. Pour comprendre l’organisation unique du VBC Chamalières, SPORTPOWHER© détaille le modèle du club, avec les éclairages de son président Claude Michy et du manager général Atman Toubani.
Une gouvernance repensée pour des ressources pérennisées
Sollicité en 2023 pour apporter son aide et faire franchir un palier au club, Claude Michy, dont l’héritage sportif clermontois fait de lui un expert avisé, a fait opérer un changement majeur pour le VBC Chamalières en constituant dès juin 2023 une SASP, dont il est l’un des principaux actionnaires : “il fallait modifier des éléments structurels, et le passage en SASP était une priorité pour injecter de nouveaux moyens financiers” rappelle Claude Michy. L’actionnariat se partage donc entre la société PHA du président de la SASP, l’association VBCC et Nicolas Roux, gestionnaire du réseau immobilier Pro IMMO et partenaire historique du club.
En passant du statut associatif à une société commerciale, le VBCC a conclu la transition vers le professionnalisme et s’est doté de moyens ambitieux pour pérenniser sa place dans l’élite du volley-ball féminin français. Face aux soubresauts de l’écosystème, marqué par plusieurs défaillances ces dernières années, Atman Toubani le confirme : “le sport féminin est une course d’endurance”. Il souligne les progrès structurels, dont l’ouverture du centre de formation, inauguré lors de cette intersaison 2025 et qui constitue un nouveau pilier stratégique pour le club.

Sabine Haewegene, internationale française, face aux Neptunes de Nantes – Crédit photo : VBCC
Cette saison, le budget du VBCC s’établit à 1,25 m€, avec un équilibre entre les ressources issues des collectivités et celles provenant du réseau d’une soixantaine de partenaires privés. Des ressources solides, mais qui ne donnent pas une marge de manœuvre importante selon le manager général Atman Toubani : “nous devons contrôler la masse salariale au centime près”. Le club compte 17 salariés, dont les dix joueuses de l’effectif professionnel. Le manager général précise que “la masse salariale progresse régulièrement et correspond à un tiers du budget du club”. Cette structure de coûts est aussi le fruit de choix dans la constitution de l’effectif : la moitié des joueuses de l’effectif professionnel a moins de 24 ans, et 60% sont françaises. L’équipe s’inscrit dans l’identité du club, terrain de développement pour les jeunes joueuses : : “nous avons cet historique de club formateur. 5 des 14 joueuses de l’équipe de France quart-de-finaliste du Mondial ont signé leur premier contrat professionnel à Chamalières”, rappelle, fier, Atman Toubani. “Avec l’évolution des règlements et l’obligation d’intégrer davantage de joueuses françaises dans les effectifs, l’orientation stratégique du club vers le développement des jeunes joueuses françaises est essentielle”. L’investissement dans le centre de formation vient renforcer cette orientation en s’adressant aux joueuses avant le niveau professionnel. Le tout nouveau centre de formation, inauguré cet été, constituera un actif clé dans la pérennité du club. Son fonctionnement, estimé à 150 k€ par an, représente une part importante des dépenses structurelles.
Sport Féminin & Co, l’exemple de la coopétition sur un territoire
Clermont est un territoire d’innovation pour les clubs féminins. En effet, le club et 4 autres structures féminines (ASM Romagnat Rugby Féminin, Clermont Foot 63 Féminines, Handball Clermont Auvergne Métropole 63 et l’ASM Football Féminin), ont fondé depuis 2021 le collectif Sport Féminin & Co. Claude Michy, initiateur du rapprochement et ancien président du Clermont Foot 63 explique : “l’idée était d’abord de mutualiser des services et de s’associer pour trouver des moyens plus importants au niveau des partenaires. Nous avons mis en place des collaborations, des rencontres et des offres pour créer une forme de coopétition sur le territoire, avec notamment des pass’sport pour inciter les comités d’entreprises à acheter des places aux matchs. Sur le plan de la performance, Sport Féminin & Co a permis aussi la création d’une salle de musculation commune entre le handball et le volley”.
Les deux équipes partagent également la salle de la Maison des Sports de Clermont-Ferrand. “C’est une salle qui nous permet de rassembler 1.500 spectateurs en moyenne, c’est un bel outil et ça démontre la pertinence de mutualiser les forces sur un territoire”, se réjouit Atman Toubani.
La croissance des publics, une aubaine pour l’événementialisation du spectacle sportif
Le déménagement en 2023 à la Maison des Sports, et l’effet produit par l’effet JO Paris 2024 (“La diffusion télé a poussé les gens à venir découvrir le volley dans les salles”, a déclaré Mylène Toubani-Bardet dans L’Équipe) ont fortement augmenté la jauge moyenne des spectateurs depuis deux saisons: “à Chamalières, on était environ 800” rappelle le manager général. Mécaniquement, la croissance de la fréquentation permet pour Claude Michy de “nourrir une vie événementielle importante”. Car il s’agit désormais de fidéliser ce public, composé selon Atman Toubani de “80 à 90% d’habitués, et 10 à 20% de nouvelles personnes” et qui “émettent des attentes sur le spectacle et les performances”. Avec le retour sur le parquet clermontois de deux héroïnes du parcours de l’Équipe de France aux Championnats du Monde 2025, la Maison des Sports devrait pour le premier match à domicile, être animée d’une ferveur certaine.

Un exemple de la proximité entre les joueuses et le public – Crédit photo : VBCC
La concurrence internationale, une manière de penser de nouvelles opportunités grâce au centre de formation
Le développement du volley professionnel féminin en France suit une trajectoire observable à l’échelle mondiale. Si la concurrence avec les clubs italiens et turcs est ancienne, Atman Toubani redoute l’essor des ligues professionnelles américaines récemment créées. En effet, aux États-Unis, ce sont 3 ligues professionnelles qui co-existent (Major League Volley Ball, League One Volley Ball et Athletes Unlimited). Avec les évolutions récentes permettant aux athlètes universitaires de développer leurs revenus (dispositifs dit NIL : Name Image & Likeness), la très puissante ligue universitaire NCAA devient de plus en plus attractive pour les jeunes joueuses. Elle attire les plus grandes affluences (92.000 spectateurs pour le match entre Nebraska et Omaha en 2023) et audiences (1,3 million de téléspectateurs pour la finale 2024). Face à l’afflux d’investissements, et la hausse des salaires offerts aux joueuses, y compris sur le circuit universitaire, Atman Toubani reconnaît “un risque de départ des joueuses vers la NCAA, qui propose des salaires et un parcours scolaire sur lesquels on ne peut pas s’aligner”. Pour cela, le manager met en avant le savoir-faire formateur du club de Chamalières : “Nous sommes parmi les seuls à systématiser les contrats pluri-annuels, ce qui sécurise nos joueuses. Et en misant sur la formation, on accentue le sentiment d’identification de notre public à l’équipe, ce qui garantit un meilleur attachement.” Le dirigeant voit enfin une autre évolution émergente comme une solution pour faire face à la concurrence européenne et mondiale : “on assiste à l’établissement d’un marché des transferts en volley, ce qui peut garantir des retombées économiques directes sur la formation”. Une source de revenus potentiels, qui financerait les besoins structurels du centre de formation, tout en valorisant les parcours des joueuses qui en sont issues.
Le Volley-Ball Club de Chamalières est un club singulier dans le paysage du volley féminin professionnel, centré sur l’animation d’une région, d’un territoire. Que ce soit à travers les partenariats, les soutiens des collectivités, la mutualisation des ressources et des structures mais aussi l’attachement à la formation locale, il s’adapte constamment aux évolutions du modèle professionnel. Pérenne sur le plan financier (le club a réalisé un bénéfice net de près de 50.000 €), il témoigne de la pertinence des modèles en coopétition, plus ouverts à l’événementialisation et la consommation de spectacle sportif.
