Unrivaled, incontestable cash-machine

A un peu plus d’un mois du lancement annoncé de Unrivaled, le championnat féminin de basketball 3×3 fondé par les internationales américaines Breanna Stewart et Napheesa Collier, le format du tournoi et ses participantes se dévoilent peu à peu. Ainsi que son modèle économique, parfait reflet de l’essor du sport professionnel féminin de l’autre côté de l’Atlantique.

Des stars sur le court et dans les bureaux

Aux côtés des joueuses fondatrices, les associés de renom n’ont pas tardé à donner relief et visibilité au projet Unrivaled. On retrouve ainsi au « board » des investisseurs des athlètes majeurs de l’industrie du sport américain, dont Steve Nash, Carmelo Anthony et les footballeuses à l’engagement féministe reconnu Alex Morgan et Megan Rapinoe. A ce quatuor multi-étoilé, se sont encore associés Michelle Wie West, championne LPGA et le General Manager des Cleveland Cavaliers Koby Altman. En plus de ces investisseurs naturels et légitimant l’identité sportive du tournoi, on observe le reflet de la disneysation du sport global, avec les participations aux levées de fonds de l’acteur hollywoodien Ashton Kutcher et les ex-présidents de Warner Bros. Ann Sarnoff et d’ESPN John Skipper.

Ces investisseurs aux profils très médiatiques permettent d’une part d’apporter des fonds conséquents mais surtout de crédibiliser la marque Unrivaled auprès de partenaires commerciaux et des diffuseurs, le tournoi ayant d’ores et déjà acté des accords avec TNT Sports (les estimations valorisent l’accord à 100 M$) et Mediapro pour la diffusion et la production des rencontres, et State Farm en tant qu’assureur officiel.

Enfin, le business model unique d’Unrivaled provient de la proposition faite aux joueuses qui rejoindraient la ligue d’être rémunérées en partie en actions de la société Unrivaled, selon une règle de propriété mobilière de minimum 4 ans, s’assurant ainsi l’engagement des joueuses tout le temps que la marque s’installe et se développe.

Spectacle et sécurité financière, les deux objectifs d’Unrivaled

Parmi les joueuses déjà convaincues de rejoindre le tournoi en janvier, Brittney Griner est emblématique, alors que l’internationale américaine a vécu une expérience qui pourrait dépasser les meilleures fictions d’espionnage, puisqu’elle a été emprisonnée en Russie au plus fort des tensions entre les Etats-Unis et le régime de Vladimir Poutine au sujet de l’invasion de l’Ukraine.

En effet, avant l’évolution des salaires en WNBA, dont le dernier collective bargain agreement a d’ailleurs été finalement rejeté, les joueuses profitaient de la relative brièveté de la saison pour monnayer leurs talents à l’étranger, en Russie (avant 2022) et en Turquie principalement. Le calvaire vécu par Briitney Griner a contribué à la réflexion pour une solution à la précarité des joueuses et leur stabilité géographique et familiale.

Avec ce tournoi de mi-saison, Unrivaled offre ainsi une réponse lucrative aux enjeux de maintien des talents sur le sol américain. En promettant un salaire moyen « à 6 chiffres » pour 9 semaines de compétition (et les stock-options), la ligue permet en effet un complément plus que confortable aux 36 joueuses sélectionnées, alors que le salaire moyen en WNBA s’élevait en 2023 à 147 745 $.

Côté spectacle, le tournoi installé à Miami débutera le 17 janvier prochain dans une arena spécialement configurée par les équipes techniques de Mediapro pour « favoriser l’expérience télévisuelle », en plus d’offrir une infrastructure dédiée pour le contenu destiné aux média sociaux, principaux relais de la visibilité du sport féminin. La salle accueillera par ailleurs une jauge maximale de 850 spectateurs très privilégiés, pour lesquels la politique tarifaire pourrait valoriser l’aspect premium de l’expérience, suivant la dynamique très croissante des prix des billets en WNBA.

L’inconnue Caitlin Clark

C’est la question que tous les suiveurs de la WNBA se posent: Caitlin Clark rejoindra-t-elle le projet? Si Angel Reese a acté sa présence depuis de nombreuses semaines, tout comme la nouvelle coqueluche de la NCAA Paige Bueckers, la principale égérie du basket-ball féminin américain, 4ème athlète la plus marketable du monde, joue toujours la montre. Une offre « messiesque » d’1 M$ lui aurait été même faite pour s’assurer de son engagement parmi les 36 joueuses, dont 32 sont déjà inscrites pour 6 équipes à constituer. Le prix à payer pour attirer les caméras de tout le pays et une audience record.