La croissance des revenus du sponsoring en WNBA

L’AT&T All-Star Game WNBA s’est déroulé du 18 au 19 juillet à Indianapolis et a été regardé par 2,2 millions de téléspectateurs sur ABC, le diffuseur officiel de cette édition 2025. Si l’absence du phénomène Caitlin Clark a contribué à une baisse des audiences par rapport à 2024, la comparaison avec 2023 (850.000 téléspectateurs) montre la trajectoire très ascendante de la popularité globale du basket féminin.

Lors du All-Star Game, la WNBA organise en parallèle pour les fans le WNBA Live, un rendez-vous centré sur la fan-expérience et traversé par les activations de nombreux partenaires de la Ligue et des franchises. Un élément quantitatif suffit à démontrer la vitalité économique et commerciale de la WNBA vis-à-vis des annonceurs : en 2023, seulement 4 marques étaient présentes au WNBA Live (by Panini). En 2025, ce sont plus de 25 marques qui ont offert des expériences immersives aux fans présents à Indianapolis.

Grâce à Sponsor United, qui a publié un rapport sur l’état des lieux du sponsoring en WNBA, SportpowHER vous décrypte pourquoi les marques sont si enclines à s’y associer et comment elles construisent leur stratégie d’activation auprès de leur cible. Enfin, nous vous proposons des pistes à importer pour les activations commerciales de ce côté de l’Atlantique.

Une visibilité linéaire et digitale en forte croissance

Sponsor United synthétise la croissance des audiences en un chiffre : 

  • + 170% de téléspectateurs sur ESPN, 
  • + 21% de hausse tous réseaux confondus entre 2023 et 2024. 
  • une croissance consolidée sur la saison 2025 pour les 3 diffuseurs linéaires de la WNBA : + 3% pour ESPN, + 4% pour CBS, + 5,5% pour Ion.

La popularité des matches offre donc une plateforme de visibilité croissante pour les annonceurs, pérennisée grâce au nouvel accord de droits TV signés en 2024 qui voit le réseau NBC intégrer le pool de diffuseurs.

Les droits TV sont aussi “doublés” par plusieurs accords avec des réseaux câblés locaux, à l’image du partenariat existant entre les Phoenix Mercury et RSN, qui a permis un quadruplement de l’audience sur les foyers câblés entre 2022 et 2023 (source : Nielsen).

La visibilité des rencontres est complétée par une très forte vitalité sur les réseaux sociaux, un espace privilégié par les marques pour développer leur affinité avec les communautés de fans, souvent constituées autour des championnes. Sponsor United montre le volume de publications sponsorisées de la part des joueuses, et la croissance de leurs communautés de followers.

On observe l’importance des joueuses récemment draftées dans la dynamique des posts “brandés” avec notamment les profils de Paige Bueckers (2025), Angel Reese (2024) et Caitlin Clark (2024). Sur l’indicateur des joueuses les plus sponsorisées (en nombre de partenariats), ce sont d’ailleurs les joueuses appartenant aux deux dernières promotions de draft qui sont le mieux représentées.

Le basket féminin nord-américain dispose d’une culture du contenu digital, dont tout l’écosystème peut profiter. À l’exemple d’Unrivaled, la ligue de 3×3 qui a fondé son modèle de diffusion essentiellement sur le contenu numérique, les franchises développent des studios internalisés de “social content creation”, ce qui permet un lien direct entre la marque, l’athlète et le club dans une stratégie bien définie d’activation digitale. Démontrant l’importance de ce canal, Sponsor United estime que chaque follower permet de générer 10$ de sponsoring en WNBA (vs 4$/follower en NBA). 

Typologie des sponsors WNBA

Dans son rapport, Sponsor United identifie plusieurs tendances sur le profil des annonceurs en WNBA. Le premier élément à retenir est la prédominance des sociétés financières qui composent à elles seules près de 20% des dépenses en sponsoring vers la Ligue (dont la banque Ally, principal soutien financier).

Le secteur le plus investi est celui de la santé, avec près de 40 sociétés ayant des accords partenariaux avec au moins un des acteurs de la WNBA. On retrouve ensuite les secteurs des assurances, des jeux & paris, du retail, des télécommunications (dont AT&T, partenaire-titre du All-Star Game), des medias, de la technologie numérique, des alcooliers et de l’automobile.

Parmi les tendances, on constate l’émergence de marques liées au bien-être, à la cosmétique ou à l’hygiène féminine, de Sephora l’enseigne cosmétique à Sequel, marque de tampons pour les sportives. Une composante importante dans l’évolution de la plateforme de marque du sport féminin.

Sur le plan quantitatif, le ticket moyen des partenariats engagés atteint 143.000 $. Chaque équipe constitue un portefeuille moyen de 44 partenaires (+ 52% par rapport à 2022), pour un revenu moyen de 6,3 m$ par franchise

Au total, la WNBA génère 76 m$ de revenus sponsoring, sur 531 accords concernant 450 marques. Avec l’expansion à de nouvelles franchises, les indicateurs quantitatifs sont encore amenés à croître de manière significative.

Un terrain fertile pour l’image sociétale des marques et des championnes

L’attractivité de la WNBA pour les sponsors découle en majeure partie de la forte visibilité médiatique des rencontres et de championnes aux immenses communautés. Mais à l’image de l’émergence décrite ci-dessus de marques liées au bien-être et à la santé des femmes parmi les sponsors, la WNBA offre surtout un narratif très puissant sur la condition féminine.

De Togethxr à Playa Society, les sponsors trouvent sur les parquets de la ligue féminine un puissant relais de revendication sociétale pour la parité et l’égalité d’accès aux droits pour les femmes. L’engagement d’Ally par exemple participe à visibiliser des engagements sociétaux, dans un écosystème effervescent sur les thématiques de discrimination. 

Et puisque la thématique des droits des femmes est un sujet également brûlant dans le débat américain, on peut émettre l’observation que les franchises WNBA sont majoritairement établies dans des Etats démocrates (8 franchises) ou “indécis” (3 franchises) par rapport aux Etats républicains. 

Pour les sponsors, la WNBA est donc un vecteur d’affinité puissant sur les items d’émancipation, d’empouvoirement et de diversité. Un support partagé par les fans eux-mêmes, puisque selon les études menées par Wasserman, les fans de sport féminin sont plus sensibles aux marques engagées dans des causes sociales (30 % d’indications favorables).

Selon les données récoltées, les fans de WNBA ont également un pouvoir d’achat supérieur et une capacité de conversion à l’achat plus importante après contact avec un annonceur dans le cadre du sport. Pour les sponsors, la WNBA est donc un point de contact important pour construire leur affinité de marque et une base importante de prescription.

Quels éléments retenir pour le marché français ?

Indépendamment du contexte économique et culturel nord-américain, le rapport Sponsor United présente des éléments que l’écosystème sportif féminin français peut adopter : 

  • engager les championnes et les communautés digitales
  • diversifier les points de contact et les activations entre le sponsor et les fans
  • investir un narratif cohérent aux valeurs du club
  • mutualiser l’empreinte territoriale du club et du partenaire
  • exploiter les réseaux télévisés locaux et régionaux.