Décryptage du rapport d’impact de la Coupe du Monde Féminine FIFA 2023 – Partie 2

Audiences télévision et numérique

Le second document du rapport d’impact publié par la FIFA et la WTO revient sur l’impact produit sur le football féminin, en particulier professionnel. Première infographie, celle de la croissance du nombre de téléspectateurs, avec le franchissement de la barre symbolique des 2 milliards en audience cumulée :

Si l’édition française de 2019 marquait déjà la plus forte audience de l’histoire des Coupes du Monde Féminines, avec près d’1,2 milliard de téléspectateurs, l’édition australo-néozélandaise a enregistré une croissance de près de 90%. Pourtant, les conditions d’attribution des droits de diffusion avaient créé quelques polémiques, en raison du découplage de ceux-ci de l’édition masculine, et des sommes planchers jugées trop élevées par de nombreux diffuseurs, en particuliers européens. Néanmoins, les succès d’audience ont été réels, y compris en France où la finale a réuni 2,7 millions de téléspectateurs (24,4%), en Allemagne qui a compté 5,4 millions de téléspectateurs sur ZDF (41,8%).

Cette édition 2023 a aussi marqué un engagement digital sans précédent, avec près de 185 millions de mentions pendant l’ensemble du tournoi, la FIFA se félicitant même « qu’en 15 jours, le trafic digital sur ses plateformes surpassait déjà les volumes enregistrés sur l’ensemble de la compétition en 2019« .

Le football féminin passionne donc de plus en plus, porté par la popularité croissante des sportives et ambassadrices comme Sam Kerr (Australie), Alexia Putellas (Espagne), Megan Rapinoe, Alex Morgan (USA), Alisha Lehmann (Suisse), Jordyn Huitema (Canada), Mary Earps, Lucy Bronze (Angleterre), Selma Bacha, Wendy Renard, Eugénie Le Sommer (France)… et par l’engouement plus global pour le sport au féminin : Tour de France Zwift, Coupe du Monde de Rugby, TikTok 6 Nations…

Affluence et merchandising

Dans les stades, ce sont plus de 1,9 million de spectateurs qui ont assisté aux matches, dont 75 784 pour l’entrée en lice de l’Australie à l’Australia Stadium, qui remplira à nouveau ses tribunes à 4 reprises lors de la compétition, dont la finale Angleterre-Espagne. Ces affluences suivent la dynamique anglo-espagnole, puisque le FC Barcelone et Chelsea avaient attiré 72 262 spectateurs lors de leur opposition en demi-finale de la Ligue des Champions au printemps précédent, et que le club catalan avait établi le record mondial avec 91 648 spectateurs lors de la campagne 21/22.

Le nombre croissant de spectateurs est lié mécaniquement à l’augmentation du nombre de matches, puisque l’édition 2023 comptait 32 équipes contre 24 lors depuis 2011, mais l’on observe une croissance du nombre de spectateurs par match (30 911 vs 26 428).

La croissance de spectateurs s’accompagne en termes de merchandising par une hausse significative de la vente de maillots, stimulée par une offre féminine mieux adaptée. Ainsi, la FIFA a enregistré une croissance de 19% en retail.

Impact sociétal sur la pratique

L’un des enjeux de l’organisation d’un GESI, en particulier d’une Coupe du Monde, est de promouvoir un héritage dans les infrastructures et dans les habitudes de la population. Ainsi, les retombées mesurées par la FIFA et la WTO décrivent pour les deux pays-hôtes un septuplement des licences enregistrées (+669%), dont 206% sur les enfants, mais aussi une hausse de la pratique à l’école par les filles (+5%).

Au niveau international, la FIFA a enregistré une hausse de 24% de la pratique féminine dans le monde. Le nombre de clubs (dont sections féminines) s’établit à 55 622, pour un 19 064 joueuses professionnelles autour du monde.

Le football féminin professionnel se structure sous l’impulsion de cette hausse de joueuses, et la hausse des sommes disponibles. L’augmentation des droits TV en Angleterre notamment (8 millions £ annuels minimum) ainsi que la hausse des dotations en UWCL conduisent à un marché de joueuses plus dense, avec un nombre de mouvements estimé à 1888 transferts en hausse de 21% par rapport à 2022, et 82% par rapport à 2019. Plus de la moitié des 10 plus gros transferts de joueuses ont ainsi été réalisés après 2022, même si du fait de modèles économiques différents du football professionnel masculin, près de 90% des mouvements sont réalisés à titre gratuit (dont la signature de la gardienne anglaise et « superstar » Mary Earps au PSG cet été 2024).

Le football féminin vit une période de croissance faste, et les deux prochaines éditions, au Brésil puis surtout aux Etats-Unis (2031) constituent un horizon de développement qui pourrait voir apparaître les premières valorisations à plus de 100 millions $ des clubs.