C’Chartres Métropole Basket Féminin, le sport et le spectacle pour faire rayonner le territoire

Sportivement relégué de La Boulangère Wonderligue à l’issue de sa première saison dans l’élite française, le C’Chartres Métropole Basket Féminin a su néanmoins séduire joueuses, public, partenaires et même adversaires par la qualité de ses infrastructures. Un engouement qui nourrit le maintien des ambitions, soutenues par une stratégie claire qu’Alexandra Arnaud, Responsable Développement, a volontiers accepté de nous décrire pour un nouvel épisode de notre série consacré aux modèles économiques des clubs français.

C’Chartres, la marque d’une stratégie publique

Arnaud Marquer, Président du C’CMBF corrige les confusions : C’Chartres Football, C’Chartres Rugby, C’Chartres Métropole Handball, C’Chartres Métropole Basket masculin et C’Chartres Métropole basket féminin partagent une marque mais sont des structures indépendantes, disposant chacune de leur univers, leur environnement et leur organigramme. Au C’Chartres Métropole Basket Féminin, la présidence était ainsi co-animée par Jean-Eric Chevalier et Arnaud Marquer et le club est autonome de son homologue masculin. Avec la récente création de la société sportive, Arnaud Marquer a repris seul les rennes du club professionnel. 

L’appellation C’Chartres est une volonté de la Ville, qui en a fait sa marque territoriale et l’a déclinée en 2018 sur ses actifs à envergure nationale, dont ses principaux clubs sportifs de haut niveau, qui ont donc changé de nom, de logo et de couleurs, tous réunis sous le bleu de Chartres, une teinte bleu clair.

Cette volonté politique témoigne d’une stratégie très active de la part de la municipalité en matière de rayonnement, et qui implique le sport dans sa capacité à “faire que le nom de la ville de Chartres revienne au coeur du projet et qu’il soit véhiculé au-delà des frontières”, selon les mots de Karine Dorange, adjointe aux sports en 2018. 

Instruments du rayonnement de la ville, les clubs sont donc fortement soutenus par la ville. “Avec la montée en La Boulangère Wonderligue, la mairie a poussé son soutien financier à 1,5 million €” explique Arnaud Marquer , conscient de la part prépondérante de ce soutien dans le budget du club, qui approche les 2,7 M€. Ce soutien inclut la location du Colisée, la salle que se partagent les clubs de basket-ball et de handball, une infrastructure inaugurée en 2024, en coeur de ville, et réputée pour la très grande qualité de ses prestations.

Nous avons emménagé au Colisée pour nos premiers matches de play-off d’accession à la Boulangère Wonderligue, et la salle, l’ambiance ont beaucoup compté dans notre parcours et notre victoire contre Toulouse” se remémore Alexandra Arnaud.

La stratégie publique locale en faveur du développement du sport professionnel s’étend aussi en matière de mécénat, avec la constitution d’un fonds commun de dotation, C’Chartres Sport, chargé de collecter les mécénats et les redistribuer équitablement vers les clubs du tissu municipal.

Un tissu partenarial riche et fondé sur la proximité

A la suite du changement de nom et de couleurs, le club s’est approprié une nouvelle marque, les “Bluelights. Fédérant à la fois les joueuses et les supporters, ce surnom inspire également un tissu de partenaires très impliqué, local et désireux de s’impliquer auprès des joueuses, dans une vraie logique de soutien au sport féminin. “Chaque club déploie son propre univers, et nous nous appuyons sur les valeurs du sport féminin, axées sur l’idée du moment vécu, le jeu collectif et une très forte approche de proximité. Nos partenaires s’engagent pour vivre des choses auprès des joueuses, s’imprégner d’une ambiance exceptionnelle. Une ambiance qui suffit souvent pour convertir nos prospects, il suffit qu’on leur offre de venir voir un match et ils sont le plus souvent conquis immédiatement. Le plus difficile, c’est de les faire rentrer au Colisée” sourit Alexandra Arnaud, qui détaille le rôle de l’infrastructure pour fidéliser ses partenaires, apporteurs de près de 400 000 € annuels

Avec le C’CIN Lounge, un espace réceptif dédié à l’intérieur du Colisée, le club bénéficie par exemple d’un lieu convivial qui permet après les matches de réunir joueuses, staff et partenaires dans un moment d’échange qui fait ressentir à ces derniers l’idée qu’ils “sont des vrais partenaires, pas des investisseurs”. Au C’Chartres Métropole Basket Féminin, la relation avec les joueuses est primordiale pour créer le lien. Un lien favorisé par “l’outil” Colisée, dont les infrastructures scénographiques permettent un spectacle presque unique en France et qui ont attiré les sélections nationales de handball féminin et masculin.

Parmi les autres activations offertes aux partenaires, on retrouve les petits-déjeuners et les dîners, ainsi que des ateliers-conférences à portée plus sociétale, comme le 8 mars dernier à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, pour laquelle le club a mis à l’honneur des créatrices de mode dans les travées du Colisée, fait intervenir la créatrice de contenu Vanessa Tomasewski et consacré une table ronde à l’après-carrière des sportives. Une conférence où là-encore, les joueuses sont au premier plan dans leur partage d’expérience et dans la relation de proximité construite avec le partenaire, à l’image de Clarisse Legrand, joueuse et ingénieure au sein des équipes de Novo Nordisk, un partenaire de premier plan du C’Chartres Métropole Basket Féminin.

Remplir son arène, le challenge principal de la saison

Pour Alexandra Arnaud, au-delà de la compétitivité sportive, l’axe stratégique n°1 de cette saison a été de remplir le Colisée, une infrastructure de près de 4200 places en configuration basket “qui est une chance pour le club de pouvoir évoluer dans un tel complexe”, mais qui représente aussi un enjeu de commercialisation après avoir évolué les saisons précédentes à la Halle Jean Cochet, un espace à la capacité de près de 1500 places.

Pour cela, le club a travaillé sur une gamme tarifaire élaborée qui permettait de s’adresser au plus grand nombre, “avec des tarifs préférentiels pour es clubs du département de l’Eure-et-Loir, l’USEP 28, et une gamme de billets adaptés aux différents publics, ainsi que des abonnements”. Les abonnements qui ont été multipliés par 30, passant de 7 abonnés avant l’emménagement, à plus de 200 sur la saison écoulée.

La politique commerciale du C’Chartres Métropole Basket Féminin a permis au club d’enregistrer une affluence moyenne de 2700 spectateurs, 2ème affluence nationale et supérieure de 53% à la moyenne observée sur l’ensemble de La Boulangère Wonderligue (1755 spectateurs).

Côté digital, le club poursuit son développement pour continuer de toucher un maximum de monde surtout aux portes de Paris. L’ambition du club est de “dynamiser notre présence sur toutes les plateformes, avec le recrutement d’une personne dédiée à l’animation de nos communautés digitales”.

Le C’Chartres Métropole Basket Féminin peut compter toutefois sur un contenu vidéo à la très grande valeur qualitative, produit par VIVAPP et diffusé par la structure locale Chartres TV, et qui fournit tout le contenu de captation des matches soit diffusé sur Sport En France (diffuseur de la Boulangère Wonderligue), soit sur YouTube, mettant ainsi en valeur le spectacle offert par les joueuses et les supporters dans l’arène du Colisée et véritable plateforme de marque pour conquérir supporters, partenaires et parfois des joueuses.

Une plateforme de marque que le club est amené à encore faire évoluer la saison prochaine, en mettant l’identité “Bluelights” au coeur d’une dynamisation de la production événementielle et de services B2B et B2C. Une ambition qui trouverait un élan d’autant plus porteur, si, fort de sa pérennité financière, le club se voyait repêché dans l’élite du basket féminin français au détriment de ceux épinglés par la commission de contrôle et de gestion.