Bilan Tour de France Femmes Zwift 2024
Près d’une semaine après la victoire pleine de suspense et de panache de Kasia Niewiadoma, devant Demi Vollering pour 4 minuscules secondes d’avance après 949,7 km parcourus, l’heure est au bilan des audiences et de l’impact d’une course événement.
La première édition contemporaine du Tour de France Femmes, en 2022, avait déjà contribué à installer le sport professionnel féminin à la télévision, en réalisant d’excellents scores d’audience. Cette édition inaugurale avait fondé son succès, ainsi que son naming, sur la réussite en 2020, plongé dans le confinement, de la diffusion sur Eurosport du « Virtual Tour », avec des coureurs et coureuses sur Zwift. La couverture de l’événement, à parité presque égale entre garçons et filles, avait encouragé Zwift à lancer les démarches auprès d’ASO.
La seconde édition, en 2023, avait permis de consolider les audiences, notamment à l’échelle internationale, et avec l’appui d’une résonance digitale inédite.
En cette troisième édition, si les audiences françaises se sont logiquement tassées après l’engouement télévisuel massif des Jeux Olympiques, les audiences internationales, en particulier belges et hollandaises ont confirmé l’attrait des fans étrangers, avec respectivement +20% et +40% de téléspectateurs. Outre un Grand Départ à Rotterdam (150 000 spectateurs sur le circuit) et les victoires d’étape de Demi Vollering, qui ont forcément participé à attirer les supporters néerlandophones, il est à noter que sur 8 étapes, ce sont la moitié d’entre elles qui se déroulaient hors de France.
La marchandisation de la marque « Tour de France Femmes » à l’international, légitimée par la couverture auprès de 190 pays et la participation de 199 coureuses étrangères sur 214 (93%) est un vecteur de visibilité pour le cyclisme féminin, dont les marques cultes émergent seulement peu à peu depuis 2021.
L’atout de cette édition 2024 du Tour de France Femmes – Zwift fut sans conteste sa dramaturgie. Organisé autour de courses/étapes cultes du cyclisme mondial (Bastogne-Liège, Le Grand-Bornand, l’Alpe d’Huez), le parcours a constitué un véritable challenge sportif et le dénouement indécis a clairement permis un renouveau de l’audience parmi les fans de cyclisme. En témoignent les chiffres disponibles pour la dernière étape :
- France : 2,5 millions de spectateurs, à 25% PdM
- Belgique : 394 000 spectateurs, + 176 000 par rapport à la moyenne de la semaine
- Pays-Bas : 923 000 spectateurs
Sur le plan digital, il est intéressant de constater l’engouement suscité par les coureuses, dont les communautés sur l’application star des amateurs de cyclisme ont atteint de nouveaux sommets, en particulier les deux protagonistes de la bataille pour le maillot jaune, Kasia Niewiadoma et Domi Vollering, la plus suivie de l’application.
A noter, la popularité nettement supérieure de Pauline Ferrand-Prévot, qui retrouvera l’épreuve en 2025 à celle de Cédrine Kerbaol, première vainqueur d’étape française depuis la réintroduction du Tour.
Visibilité et structuration, les enjeux pour une pérennisation des équipes féminines
La popularité individuelle dépend d’une part des résultats mais aussi bien sûr de la visibilité médiatique. En hausse, elle permet un meilleur engagement des sponsors, qui valorisent mieux une audience par ailleurs plus jeune sur les épreuves féminines que masculines.
Une potentielle hausse des revenus des équipes garantirait ensuite une hausse continue des salaires. En effet, si en 2023 le salaire moyen des coureuses était de 32 102 €, elles étaient 11% de plus qu’en 2022 à gagner un salaire supérieur à 50 000 € (source TCA). En second lieu, la médiatisation croissante doit promouvoir des engagements à plus long terme des sponsors-titres des équipes, alors que 47% des coureuses ont des contrats d’un an ou moins. Signe encourageant, plus de la moitié des sponsors des équipes présentes en 2024 étaient engagés en 2022, preuve de la pérennisation renforcée du peloton.
La Fédération Internationale, l’UCI, va dans le sens de cette pérennisation, en organisant dès 2025 une seconde division professionnelle, qui devra remplir des conditions économiques, matérielles et humaines plus contraignantes afin de sécuriser les coureuses dans leurs parcours professionnel.