Décryptage du rapport d’impact de la Coupe du Monde Féminine FIFA 2023 – Partie 1

Quasiment un an après le sacre de l’Espagne lors de la Coupe du Monde organisée conjointement par l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la FIFA a publié, accompagnée par la WTO (World Trade Organisation, Organisation Mondiale du Travail), un rapport d’impact en deux parties intitulé Goaleconomy. Celui-ci décrit d’une part les retombées économiques et sociales pour les pays organisateurs mais aussi pour le reste du monde, et d’autre part l’impact des Coupes du Monde sur le développement de la pratique féminine à travers deux documents distincts : The Development Goal et The Long Journey of Women’s Football. Voici ce que l’on peut en retenir.

Impact économique pour les territoires

L’un des principaux arguments proposés pour l’accueil des GESI est l’impact économique en termes de croissance et d’apport de valeur. Dans le cas de ce retour d’expérience, la FIFA explique que la Coupe du Monde est une « opportunité pour plus de croissance et d’inclusion » (« can be an opportunity for more inclusive growth« ) en explicitant des données tout à fait positives.

De fait, la FIFA et la WTO estiment une une contribution aux PIB australien et néo-zélandais à 1,9 milliard $, dont 1,3 milliard en valeur ajoutée. En comptabilisant les emplois directs, indirects et induits par l’organisation du tournoi, les instances estiment que l’événement a contribué à une augmentation des revenus des ménages de 932 millions US$.

Soit, rapporté à la population australienne et néo-zélandaise (31,2 millions d’habitants cumulés en 2022), le gain substantiel de près de 30 US$ par habitant, alors que selon l’Australian Bureau of Statistics, le salaire hebdomadaire moyen australien est de 1265 US$. Le gain équivaut donc à environ 2 heures de salaire par habitant.

Ceci étant, le rapport d’impact établit évidemment aussi les recettes fiscales, notamment générées par les revenus du tourisme (la FIFA ne payant elle, jamais d’impôts). Ces montants sont estimés à 157 millions US$ de dépenses touristiques répartis entre Australie et Nouvelle-Zélande, pour 19 millions US$ de recettes fiscales, soit 0,0016% du produit net fiscal australien.

Les impacts sont toutefois plus pertinents en ce qui concerne les échanges commerciaux nourris vers les pays hôtes, avec la prévalence des secteurs IT, agro-alimentaire et tourisme.

Impact sur la société

La création d’emplois directs et indirects (on élude les emplois induits) produit un impact mesurable. Etant donnés les secteurs d’activités les plus concernés (hospitalité, tourisme), les emplois produits sont majoritairement féminins. L’effet est donc positif sur l’employabilité des femmes dans les pays hôtes :

Le problème de la redistribution des richesses

La FIFA est un organisme à but non lucratif. Et s’il est vrai que l’instance helvète investit des montants considérables dans les programmes de développement, notamment les pays « émergents », un graphique présenté dans le rapport doit interpeller quant à la captation des bénéfices.

L’infographie décrit l’impact en PIB par habitant, distribué selon les régions et pays. Si naturellement, on constate la part la plus importante dirigée sur les pays hôtes que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande, voici les pays que l’on voit le plus distinctement au sein des continents asiatiques, européens et nord-américain :

  • Irlande (IRL)
  • Monaco (MCO)
  • Liechtenstien (LIE)
  • Luxembourg (LUX)
  • Suisse (CHE)
  • Iles de Guernesey et Jersey (CHI)
  • Ile de Man (IMN)
  • Iles Cayman (CYM)
  • Bermudes (BMU)
  • Iles Vierges (VIR)
  • Singapour (SGP)
  • Brunei (BRN)

Soit une liste quasi-complète des paradis fiscaux, preuve encore que le succès humain et commercial qu’a été la Coupe du Monde 2023 profite malheureusement toujours encore à l’évasion fiscale.

Partie 2 – Impact sur la pratique féminine – A suivre