Les Valkyries, le rugby pour faire rayonner la Normandie
A quelques semaines d’une Coupe du Monde qui s’annonce historique pour le développement du rugby au féminin, partons à la découverte des clubs des Championnat de France d’Elite 1 et 2 pour comprendre au plus près des terrains le développement de l’ovalie féminine française. Le premier épisode de cette série nous emmène à Rouen, territoire des Valkyries, qui évoluent en Elite 2, à la rencontre de Sarah Labonne, ailière et chargée du développement commercial du club.
A Rouen, les Valkyries veulent faire rayonner le rugby normand
En évoluant en Elite 2, les Valkyries sont l’équipe de rugby normande la mieux classée de France, hommes et femmes compris. Celles dont le nom renvoie aux célèbres guerrières Viking portent donc l’étendard d’une région, et pourtant, comme le raconte Sarah Labonne, “l’attribution des créneaux d’entraînement n’est pas simple, et le partage entre les deux clubs implique de devoir évoluer sur un demi-terrain pour certaines de nos séances” Le club du Rouen Normandie Rugby, dont les Valkyries partagent les installations au stade Jean Mermoz, sont les principaux utilisateurs des infrastructures du fait d’effectifs plus importants. Club indépendant du RNR, les Valkyries Normandie Rugby Clubs comptent cette saison 75 licenciées réparties des cadettes (les “mini-valkyries”) à l’Elite 2, dont une dizaine participaient jusqu’à l’année dernière à des entraînements communs avec le Centre de Formation du Rouen Normandie Rugby, des créneaux depuis réattribués à l’ensemble de la section des Valkyries, soit 13 heures par semaine.
“Les Valkyries sont nées en 2021, de la coopération entre l’AS Rouen Université Club et celui d’Ovalie Caennaise après leurs relégations respectives d’Elite 1. Pour construire un projet pérenne, sportif et sociétal, les clubs ont donc fusionné pour contribuer au rayonnement du rugby normand, et surtout le rugby féminin.” Une volonté qui aurait pu se concrétiser au plus haut niveau avec une demi-finale d’accession la saison dernière. “Mais nous n’avons pas cette ambition d’intégrer l’Elite 1 à court terme. Il ne faut pas brûler les étapes, car l’Elite 1 nécessite des ressources en termes de staff, d’effectif, mais surtout financières, dont nous ne disposons pas encore. L’ambition est plutôt de nous structurer, d’ancrer le modèle avec nos partenaires, le public, et rester pérennes.”
La viabilité du modèle économique au coeur du projet
Ce modèle économique, il gagne d’ailleurs en maturité. “En 2021, nous dépendions pour 84% de notre budget des subventions des collectivités. Aujourd’hui, nous avons un réseau de 60 partenaires qui constituent 30% de nos ressources. A l’heure actuelle, le projet du club est de continuer de développer la part issue de partenariats privés.”
Pour fédérer les partenaires, les Valkyries savent exploiter le registre d’identité si spécifique des guerrières scandinaves. “Avec les Valkyries, on essaie au maximum de promouvoir les valeurs d’empowerment et de combativité, sur et en dehors du terrain. Nous sommes aussi très disponibles pour nos supporters, on souhaite cultiver cette proximité. Nous présentons également de nombreuses actions et projets sociétaux, autour de l’insertion professionnelle, de l’inclusion, de la citoyenneté, de la transition écologique et du bien-être. Le club organise aussi, sur la thématique de l’inclusion, des sessions d’entraînement avec des femmes victimes de violences.”
Des actions qui trouvent un écho forcément positif auprès des partenaires, qui y voient l’exécution d’actions s’inscrivant dans leur programme RSO.
Ils y voient aussi un espace de visibilité grandissant, avec un travail réalisé par le club sur Instagram et TikTok, deux espaces qui fédèrent un public très au-delà de la communauté de licenciées : 4k sur Instagram et 1,6k sur TikTok. Des chiffres modestes à l’échelle des plateformes, mais qui indiquent la croissance d’une communauté, touchée par les valeurs portées par les Valkyries et le contenu engageant qui y est dispensé.
Une communauté qui se retrouve aussi dans les tribunes, avec une moyenne de spectateurs d’environ 250 personnes dans les gradins de Jean Mermoz, et jusqu’à 700 lors des affiches de gala, comme le match contre le Stade Rochelais. Auxquels il faut désormais ajouter les spectateurs des streams diffusés à chaque match, près d’une centaine à chaque rencontre.
Les partenaires peuvent ainsi exploiter cette visibilité croissante auprès de cibles qualifiées parmi leurs prospects.
Et la Coupe du Monde, comment est-elle ressentie ?
Si la Coupe du Monde 2023 des garçons a été un événement important auprès des publics du club, notamment du fait de la présence d’un ancien du club parmi les sélectionnés du XV de France (Gabin Villières), Sarah Labonne ne perçoit pas encore d’excitation ou d’enthousiasme à l’aube de la Coupe du Monde, malgré les résultats des Bleues au Tournoi des VI Nations. L’ailière du club espère voir frémir l’engouement avec le début de la compétition (match d’ouverture le 22 août) et l’entrée en lice de l’Equipe de France.
Avec une existence récente, les Walkyries sont donc un club pourtant très ancré sur son territoire, qui sait exploiter son image et les éléments de son identité pour rassembler autour de ses valeurs à la fois un public croissant et des partenaires privés, deux ingrédients propices à sa structuration. Au-delà des ambitions sportives, le club veut surtout développer son rayonnement territorial, en dynamisant le rugby au féminin sur les deux Normandies.