Décryptage du rapport Deloitte – Mars 2025

La croissance économique du sport féminin professionnel se consolide et accélère ! En 2024, Deloitte prévoyait des revenus dépassant le milliard de dollars. A l’issue du premier trimestre 2025, ces prévisions sont nettement dépassées et Deloitte prévoit désormais pour la fin 2025 des revenus estimés à 2,35 millions de dollars.

Droits TV, nouveaux formats et réseaux sociaux : formule croissante

Cette croissance, comme nous avons pu le relayer dans les précédents articles, est fondée sur une accélération des revenus audiovisuels, à l’instar des accords signés par la WNBA (2,2 Mds $), la NWSL (240 M$), la WTA (170 M$) ou la WSL (65 M£).

Capitalisant aussi sur des audiences en hausse, les sponsors investissent sur les compétitions existantes ou innovantes, mettant ainsi en exergue les formats créés cette année comme Athlos, The Hundred, Unrivaled, et les futurs : Coupe de la Ligue en France, TGL Women’s et Tournoi à 7 pré-Champions’ League.

Sur le plan individuel, les athlètes valorisent leurs performances à travers les communautés socio-numériques. Ainsi, malgré un déficit de 14 points dans la couverture médiatique face aux compétitions masculines, les athlètes féminines surperforment dans l’engagement des communautés digitales avec 53% des engagements totaux.

Quels moteurs de l’investissement dans le sport au féminin ?

Outre les performances commerciales et audiovisuelles, le développement du sport féminin se fonde sur des investissements privés (« private equity« ) croissants. Nouveau terrain de jeu des fonds d’investissements, dont certains se spécialisent sur le sport au féminin, ceux-ci engagent des capitaux croissants, à l’exemple de Monarch Collective qui valorise désormais 250 M$ d’actifs dans le sport professionnel féminin. On peut citer également le fonds constitué par Alexis Ohanian, 776, ou un tout nouvel acteur : Ariel Investments.

En supplément à ces fonds d’investissement, des personnalités, issues ou non du monde sportif, apportent des capitaux importants aux clubs ou aux ligues gouvernantes du sport féminin. Ainsi, on retrouve au « board » d’Angel City des actrices, sportives comme Natalie Portman, Mia Hamm ou Abby Wambach. Quant à Unrivaled, c’est par exemple Stephen Curry qui a rejoint récemment une liste composée des joueuses elles-mêmes, et Alex Morgan ou Megan Rapinoe.

Quel développement géographique ?

Le rapport publié par Deloitte démontre une polarisation très nette de l’économie du sport féminin, répartie majoritairement en Amérique du Nord (59 %) et en Europe (18 %).

Cette répartition est challengée par l’émergence de l’Asie, emmenée par le football au Japon et le cricket en Inde, mais aussi par l’Afrique, autour du football, de l’athlétisme ou du rugby et à travers des investissements volontaristes des gouvernements : Maroc et Afrique du Sud en particulier.

En Amérique du Sud, on observe l’émergence de la Liga MX F en football, mais aussi du Brésil ou de la Colombie, et au Moyen-Orient, on observe chaque jour les investissements réalisés par les pétro-monarchies du Golfe en football, golf, tennis.

Le football est néanmoins le sport le plus soutenu par les investisseurs, suivi du basketball, confortant la domination de ces deux sports dans l’univers globalisé tous genres confondus. Mais à l’exemple du netball ou du cricket, les démographies dynamiques du Commonwealth pourraient modifier la répartition des revenus par discipline, en influant sur les programmes olympiques de Brisbane 2032 ou des JO 2036.